Contexte
Sawadee krap สวัสดี ครับ,
Les 2 et 3 décembre, je me suis rendu à l’école de Ban Koh Phayam.
Cette école primaire se situe sur l’île de Koh Phayam (région de Ranong), en pleine mer d’Andaman qui borde la côte Ouest de la Thaïlande. Un petit coin de paradis, plutôt préservé et relativement peu prisé des touristes. Et pour cause : pour s’y rendre depuis l’un des terminaux de bus de Bangkok (qu’il faut déjà trouver !), il faut compter une bonne dizaine d’heures pour rejoindre la ville de Ranong, puis aller à l’embarcadère pour une traversée en bateau de 2-3h.
Le bon côté d’un si long trajet, c’est que ça permet de faire tout plein de rencontres, et comme l’île n’est pas très grande, il est fréquent de se revoir.
Sur l’île, aucune voiture donc les déplacements se font en scooter, à vélo ou à pied. Après avoir rejoint mon hébergement en scooter-taxi (ou l’inverse !), j’ai fait le choix de me déplacer à vélo… c’est fou comme tout parait moins plat à vélo ! Mais revenons à notre école. Découverte au détour d’une balade, je m’y suis présenté pour proposer le projet Ballons sans frontière.
Coup de chance, l’un des enseignants, Philippe, est anglais et parle également Thaï. Il fera le lien avec le Directeur de l’école qui ne parle pas anglais. Rendez-vous est pris le lendemain pour 11h45, heure à laquelle les enfants commencent à sortir de table et partent en récréation.
Un groupe d’enfants de 7 à 13 ans débute un match de foot. Deux capitaines sont désignés et choisissent les joueurs en mélangeant les âges. Les ballons sont assez disputés, mais la partie se déroule dans la bonne humeur. Je joue un peu avec eux malgré la chaleur écrasante.
Le son d’une cloche marque la fin de la récréation. Juste le temps de remettre les ballons aux enfants, et de reprendre rendez-vous pour le lendemain…
… parce que parti un peu précipitamment le matin, j’ai oublié de prendre avec moi les jolis dessins préparés par Sophie et Caroline.
Il est 13h, l’heure pour les enfants de reprendre les cours, et pour moi d’aller grignoter léger car la chaleur me coupe la faim… quelques brochettes et du riz vendus dans une cahutte isolée.
Je retourne donc à l’école le jour suivant après une jolie balade à vélo dans la jungle (les descentes sont assez folles !). Bien exténué en arrivant dans la cours, les enfants me reconnaissent et viennent directement à ma rencontre. Nous échangeons quelques mots en anglais et j’en profite pour placer les deux mots et demi de Thaï que je connais ! Je prends également quelques notes, mais ce n’est pas évident car les enfants intrigués par mon criterium, me font comprendre qu’ils aimeraient bien s’amuser un peu avec. Bon… dur de résister… du coup je leur explique, enfin montre, comment il faut s’en servir. Sur le terrain de foot, une partie est déjà en cours, et surprise… les enfants ont déjà adopté les nouveaux ballons ! Évidemment, difficile pour moi de résister à l’envie d’aller taper quelques balles avec eux.
Quelques mots sur l’île
Le nom de l’île viendrait du mot « Por yam » signifiant « environ 4 heures », soit le temps qu’il fallait pour rejoindre l’île distante de 33 km du continent, avant l’arrivée des bateaux taxis. Puis le nom évolua en Payam puis Phayam. Une autre explication tiendrait au mot Phayayam, qui en Thaï signifie « effort »… il était très difficile de rejoindre l’île jusqu’à un passé récent, seuls les bateaux de pêche faisaient la navette avec le continent.
Bordée à l’Ouest par la Mer d’Andaman et à quelques encablures de la frontière Birmane, l’île s’étend sur une surface de 35km² et est principalement couverte par la jungle, bien que les plantations d’hévéas se développent au détriment de ce magnifique écosystème. Deux paysages complètement différents sont observables de part et d’autre de l’île : la mangrove qui s’oppose à une longue bande de sable fin. Le relief est assez marqué (point culminant à 225 m), et l’on y rencontre une faune assez diversifiée : toucans, singes, sangliers sauvages, serpents, aigles. Reste que le principal danger de l’île réside dans la chute de noix de coco dont les nombreux arbres garnissent le long des pistes.
Environ 1500 habitants vivent à l’année sur cette île dont l’un des lieux marquants est son temple bouddhiste, construit sur pilotis à 200 m du rivage.
Le système scolaire
Le système éducatif se compose de la façon suivante : Prathom (6 à 11 ans) et Matthayom niveaux 1 à 3 (12-14 ans) qui sont obligatoires. La maternelle (Anuban) accueille les enfants de 4 à 6 ans. Les élèves peuvent poursuivre leur parcours scolaire au niveau secondaire supérieur Matthayom niveaux 4 à 6 (15-17 ans) après obtention d’un examen, puis s’orienter vers des études supérieures. L’anglais est enseigné assez tôt mais le niveau reste assez faible, notamment du fait de la difficulté de trouver des enseignants bilingues.
À la fin de chaque année, les étudiants doivent passer un test afin de passer au niveau suivant. Si l’étudiant ne peut pas passer le test, il peut être amené à redoubler. Cependant il peut participer à un programme de cours d’été à la fin de laquelle il sera re-testé. Les étudiants ne peuvent pas continuer au niveau suivant tant qu’ils n’ont pas réussi le test de passage… mais il n’est pas commun pour les étudiants d’être ralentis dans leur scolarité, et généralement, l’étudiant peut reprendre le test avec l’aide d’un enseignant. Ceci peut être répété jusqu’à ce que l’étudiant réussisse l’examen requis.
Malheureusement un enseignant en Thaïlande est considéré comme un bon professeur si ses élèves réussissent leur test, et méprisé dans le cas contraire. Il n’est pas rare donc que l’enseignant écrive au tableau les résultats du test afin que ses étudiants recopient les réponses…! De plus, une école primaire peut percevoir des subventions gouvernementales supplémentaires lorsqu’un nombre donné d’étudiants accède au niveau secondaire.
L’uniforme est obligatoire pour tous les élèves, avec des différences selon le niveau et le type d’établissement (public vs privé).
Les écoles publiques sont gérées par le gouvernement, mais les limitations budgétaires sont défavorables aux écoles rurales, où l’absentéisme (des écoliers mais également des enseignants) est plus fréquent en comparaison des villes du fait des contraintes familiales ou liées aux récoltes. Bien que l’école reste obligatoire dans tout le pays jusqu’à 14 ans, il n’est pas toujours évident de l’appliquer dans les lieux éloignés.
L’éducation représente plus d’un quart du budget national, sans pour autant parvenir à placer le pays à un rang élevé concernant les performances scolaires.
Depuis quelques années, les enseignants occidentaux travaillant dans les écoles publiques doivent s’acquitter d’une formation à la culture Thaï (même s’ils sont en poste depuis plusieurs années) qui coûte entre 100 et 300$. Au vu du faible salaire qu’ils perçoivent, nombreux sont ceux refusant de payer et s’exilant vers d’autres pays (Corée, Japon, Malaisie,…)
L’année scolaire est divisée en deux semestres : début mai à fin octobre, puis début novembre à fin mars.
Les jeux/sports populaires
Cette visite de l’école ne m’a pas permis de découvrir de nouveaux jeux de ballons. Le foot reste le jeu le plus populaire et le plus pratiqué. Les filles jouaient à l’élastique et faisaient des chasses à l’homme avec les garçons.
Il y a un sport assez impressionnant qui se pratique en Thaïlande. Le Sepak takraw (en français, on pourrait le traduire par « frapper la balle »). Apparu au 15ème siècle en Malaisie, le Sepak raga s’est rapidement répandu dans la plupart des pays d’Asie du sud-est. Ce sport consistait à ce que quelques joueurs disposés en cercle se fassent des passes avec une petite balle en rotin en utilisant toutes les parties du corps, excepté les mains. Il était notamment très populaire dans les cours royales malaises (celles de Malacca, du XVe siècle, en particulier). Avec l’influence du badminton et du volley-ball au 19ème siècle, les règles du Sepak raga ont changé, tout comme son nom qui est devenu le Sepak takraw. Cette évolution a notamment conduit à l’utilisation d’un filet qui a été intégré à la pratique du Sepak takraw. Avec les Jeux d’Asie du Sud-Est de 1965, ce sport s’est popularisé dans les pays alentours : le Laos, les Philippines, le Laos… Aujourd’hui, le Sepak takraw est encore très peu pratiqué en Occident où il est connu sous le nom de kick volley-ball.
Ce sport aux figures acrobatiques atypiques, est un croisement entre le volley-ball et le football. Les joueurs doivent marquer des points en faisant passer par-dessus le filet une petite balle (tressée) dans le camp adverse. Ils ne peuvent pas utiliser leurs mains (sauf pour le service). Ils n’ont droit qu’à leurs jambes, leurs épaules et leur tête. Le match se déroule en 3 manches de 15 points.
Hors compétition, il est fréquent de jouer sans filet. Les joueurs se placent en cercle et se passent la petite balle. Cette pratique se rapproche du Chinlone pratiqué en Birmanie. Ce jeu en cercle reste très réputé en Thaïlande, et s’est surtout développé en tant que «sport pour tous». Ainsi, il est courant de voir un peu partout dans le territoire, de jeunes Thaïs, disposés en cercle, avec 5 ou 6 joueurs, touchant chacun son tour la balle et jonglant parfois des heures durant. L’esprit de communauté, valeur importante pour les Thaïlandais, se manifeste dans ces échanges. Des échanges propices non pas à des prises de bec, mais avant tout à un jeu collectif et sportif. La compétition, dans les villages où le jeu continue à se pratiquer, n’est pas la priorité, celle-ci revient au plaisir d’être ensemble et de jouer en équipe. Le Sepak takraw est une pratique de vivre-ensemble autant qu’une expression de bien-être. Dans ce jeu, chacun a besoin de son voisin et de l’autre pour avancer et «gagner», la convivialité s’accompagne donc aussi d’une bonne dose de solidarité.
Pour en savoir un peu plus sur les compétitions et les règles, voir ici. Et parce que des images valent souvent mieux qu’une longue explication, vous pouvez visionner quelques temps forts ici.
A noter qu’il existe une équipe de France de Sepak takraw (où joue mon pote Sylvain!).
Galerie photo
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