Blog

Cap-Vert : l’archipel où il fait bon jouer

Contexte

Bom dia, como vai você ?

Après quelques jours passés sur l’île de Santiago, il était temps de partir à la recherche d’un peu de relief afin de randonner dans le magnifique archipel du Cap-Vert. Il était prévu de passer une nuit à Mindelo (île de São Vicente) avant d’embarquer pour une traversée de 3 heures en bateau afin de rejoindre l’île de Santo Antão. Une petite nouveauté pour ce séjour, je suis parti avec Gaël, un ami d’enfance.

Etablie le long de la baie de Porto Grande, Mindelo n’est pas la ville qui m’aura le plus marqué, bien qu’elle possède un charmant centre-ville aux maisons très colorées. C’est surtout la ville de Cesária Evora, la célèbre chanteuse du pays décédée en 2011. L’aéroport de l’île porte d’ailleurs son nom, et la maison où elle a vécu est toujours habitée par des membres de sa famille… bien que les autorités souhaitent en faire un musée. C’est en face de cette maison que nous serons accueillis pour le projet Ballons sans frontière. Alors comment en sommes-nous arrivés là ?

Ce jeudi 11 mai 2017, il est 8h du matin et nous attendons un bateau qui n’arrivera jamais… car tout simplement annulé. Cela signifie 7h à patienter pour le suivant. Nous commençons à être habitués à ces imprévus qui auront finalement rythmé notre séjour et permis d’improbables rencontres. La déception passée, nous nous ressaisissons et partons à la découverte de la ville. Notre visite nous mène au marché aux poissons. C’est là que nous faisons la rencontre de Carlos, un homme d’une soixantaine d’années aux faux airs de Barack Obama. Carlos a un très bon niveau d’anglais, qu’il a acquis au contact des touristes.

Alors qu’il nous promène dans les différentes ruelles de la ville, il en profite pour nous conter diverses anecdotes et faits marquants de Mindelo. Après 2 heures passées en sa compagnie, une évidence me traverse l’esprit : un « guide » bilingue passionnant qui connait parfaitement la ville, les ballons dans nos sacs et quelques heures devant nous à combler, bref un joli cocktail pour tenter la visite d’une école. Je lui explique en quoi consiste le projet Ballons sans frontière, et lui propose de nous accompagner pour servir d’interprète. Il est emballé par cette idée, et souhaite nous amener dans une école primaire du quartier, celle de son enfance.

A 11h, l’établissement scolaire Escola Valentina Lopes da Silva Polo.1 de Mindelo nous ouvrait ses portes, et sa directrice Mme Solange S. nous recevait, bien que confuse de ne pouvoir s’exprimer en anglais.

Petit aparté : Le portugais a beau être la langue officielle au Cap Vert, celui-ci n’est réellement parlé que par une partie des habitants. Les autres s’expriment dans un créole local appelé le crioulo. Ne parlant ni crioulo, ni portugais… ayant peu d’interlocuteurs anglophones, nous étions mal embarqués pour mener à bien notre projet.

L’école visitée et le système éducatif

L’école primaire Escola Valentina Lopes da Silva Polo.1 accueille 413 enfants répartis en grades 1 à 6 (203 le matin âgés de 6-8 ans, 210 l’après-midi de 9-12 ans) et encadrés par 18 enseignants. Cet enseignement est gratuit et obligatoire.

Au programme, notamment 3 séances de sport de 40 min chaque semaine (2 l’après-midi, une le matin) et la pratique entre autres du football, du handball et du basket (étonnamment pas de volley).

Une institution publique en charge de l’action sociale en milieu scolaire nommée FICASE permet la distribution de repas gratuits dans les établissements primaires de l’archipel. Maintenir cette tradition remontant à la période coloniale reste un défi majeur avec l’augmentation du nombre d’enfants accueillis dans les écoles et la variation des prix du fuel et des céréales.

Accéder à l’enseignement secondaire et supérieur peut être compliqué lorsque les infrastructures ne sont pas présentes sur une île. L’écolier peut ainsi être amené à s’éloigner de sa famille, voire même à prendre le bateau pour s’installer sur une autre île où il doit se loger (internat, chez des membres de sa famille,…).

Similairement à ce qui se passe en France, les vacances scolaires ont lieu en juillet-août, et les enfants bénéficient également de vacances à Pâques, Noël et pour le nouvel an. A noter une journée fériée dédiée à la jeunesse.

Pour info : de 3 à 5 ans les enfants vont à la maternelle appelée jardim infantil. L’école est obligatoire du grade 1 à 8. Les grades 7 à 12 se déroulent en collège et lycée. Pour en savoir plus, c’est ici et .

L’échange des ballons

Après avoir exposé le projet Ballons sans frontière, nous avons procédé à l’échange des balles. L’école est très pauvre, ce sont les enseignants qui achètent eux même le matériel pour les loisirs et les activités physiques (d’où la difficulté d’obtenir une vieille balle en échange des ballons remis). Cette fois, c’est une balle de tennis qui nous a été remise, sur laquelle ont été annotés le nom de l’école ainsi qu’un petit message de remerciements. La récréation n’ayant lieu que 30 minutes plus tard, nous avons été conviés à la visite des salles de classe, notamment l’une d’elle ayant mis en place une exposition sur le thème de l’eau (voir ci-dessous). Puis la récréation approchant, nous avons pu échanger quelques balles avec les enfants et nous immerger brièvement dans ce temps hors classe. Quelques rapides discussions, des sourires, des photos, et il était déjà temps de quitter l’école et de nous diriger vers l’embarcadère.

Les jeux pratiqués

Le Cap-Vert, c’est un sacré melting pot, et cela influe certainement sur la diversité des jeux pratiqués. Football, volley et basketball sont très populaires. Il y a de nombreuses aires de jeu disponibles.

Lors de nos pérégrinations sur les différentes îles, nous avons pu fréquemment observer des jeunes s’exerçant au baby-foot, qui sont en accès libre dans plusieurs lieux de l’archipel.

Le jeu de l’Ouril (dénommé awalé dans certains pays d’Afrique). Ce jeu est souvent pratiqué au Cap-Vert. Deux joueurs s’affrontent autour d’un plateau composé de 12 trous, chaque joueur en possédant 6. Au début du jeu, chaque trou contient 4 graines. L’objectif est d’aller récupérer le plus de graines possible se trouvant dans le camp adverse. Pour y parvenir, le joueur pioche les graines se trouvant dans un des trous et va les répartir une par une dans les trous adjacents en tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Lorsque la dernière graine est déposée dans le camp adverse et que le trou contient 2 ou 3 graines, le joueur peut récupérer toutes les graines de ce trou. De plus, si les trous précédents celui qui a été récolté contiennent également 2 ou 3 graines, le joueur peut les récupérer.

Allez, une illustration ne serait pas de trop : pour en savoir plus, c’est ici. Si j’évoque le jeu de l’Ouril, c’est parce que j’ai pu voir des enfants y jouer avec des billes. Alors avec un zeste d’imagination… enfants-> billes -> balles -> Ballons sans frontière… la boucle est bouclée non ?!

Pour aller plus loin

Dans une des classes visitées, les enfants de 8 ans avaient préparé une exposition sur la problématique de l’eau (voir le diaporama ci-dessous). Cet élément est un enjeu majeur sur la plupart des îles de l’archipel.L’archipel est aride et les précipitations sont rares. Les sources sont limitées et une partie de la ressource utilisée (1%, mais les chiffres sont vieux) est extraite par désalinisation de l’eau de mer. Reste l’île de Santo Antão, véritable château d’eau de l’archipel, mais encore faut-il la récupérer et l’exporter… Préserver et gérer l’eau est vital et demeure une contrainte quotidienne pour les populations des différentes îles. L’augmentation du tourisme apporte une tension supplémentaire, obligeant les hébergements à sensibiliser leurs clients.

Galerie photo

Envie de voir ou revoir les photos du projet ?